Activité

La prise en charge pédiatrique des nourrissons issus de la PTME: un levier essentiel pour rompre la contamination mère-enfant

La transmission du VIH de la mère à l’enfant est de nos jours la principale voie de contamination pédiatrique. Pour éliminer la chaine de contamination mère-enfant, le suivi des nourrissons issus de la Prévention de la Transmission Mère Enfant demeure capital. Le traitement prophylactique aux antirétroviraux (ARV) du nouveau-né de mère séropositive au VIH, réduit fortement le risque de transmission au cours de l’allaitement.

Démarré en 2005 à EVT, grâce à un projet financé par Sidaction et suite à un projet pilote du PNLS auquel a participé certaines femmes enceintes suivies à EVT, la prise en charge pédiatrique des nourrissons issus de la PTME a redonné de l’espoir à beaucoup de femmes séropositives qui pensaient qu’à cause de leur sérologie elles ne pouvaient plus donner naissance à des enfants séronégatifs. Le partage d’expérience et le témoignage positif de leurs paires qui avaient bénéficiés du projet pilote leur a redonné de l’espoir. Ce suivi avait commencé par les séances de conseils, sensibilisations de toutes les femmes suivies. Les groupes de parole PTME ont été créés, permettant de réunir les femmes enceintes et les femmes accouchées pour les partages d’expériences et surtout des conseils sur l’importance de l’observance. Au cours de ces séances, des démonstrations culinaires sont faites et des conseils nutritionnels donnés par la pédiatre. Ceci, encourageait d’autres femmes à rejoindre le groupe. Un suivi mensuel se fait après la naissance de l’enfant pour voir sa croissance et détecter rapidement les problèmes liés à sa croissance.

D’énormes progrès ont été faits aujourd’hui dans le suivi des enfants. Eu égard à tout ce qui se faisait pour éliminer le risque de contamination mère-enfant, le nouveau-né dès la naissance est mis sous la Névirapine jusqu’à 6 semaines et après 6 semaines, se fait un examen de PCR. Un examen qui consiste a recherché le virus dans le sang de l’enfant. Le traitement est alors arrêté à ce stade et le nourrisson est mis sur Cotrimoxazole, ceci jusqu’à 2 mois après l’arrêt de l’allaitement maternel exclusif. Par contre, pour le nourrisson qui est sous un substitut du lait maternel après l’arrêt du Névirapine, n’est plus mis sous Cotri. Le suivi se fait mensuellement par la pédiatre aidée par la sage femme. A 9 mois la sérologie VIH (SRV) est faite pour vérifier si l’enfant a libéré les anticorps de la maman ou pas, surtout si la PCR1 est négatif. Si la SRV de 9 mois est positif, la PCR 2 est fait pour voir si l’enfant est infecté ou c’est toujours les anticorps de la maman qui sont présents. Si la SRV est négative le suivi mensuel continue jusqu’à un (1) an à l’arrêt de l’allaitement. L’enfant revient à 18 mois pour une 2ème SRV de contrôle. Si la seconde SRV est négative l’enfant est déclaré séronégatif. Il faut noter qu’à tous les rendez-vous mensuels, des conseils nutritionnels sont donnés à la maman.

Pour les cas de malnutrition, un suivi nutritionnel est fait dans le centre à l’aide du PLUMPY NUTS sur 21 jours. Pour corriger la malnutrition chez le nourrisson. Tous les enfants malnutris moins de six (6) mois sont référés au CHU pour leur prise en charge nutritionnelle. A part le PLUMPY NUTS, des farines enrichies sont données aux mamans.

Plus de 16 ans dans la prise en charge pédiatrique, des nourrissons issus ou non de la PTME, EVT a rencontré d’énormes succès. De 2011 à ce jours 411 nourrissons ont été suivis. Et sur les 411 nourrissons, tous les enfants issus de la PTME, suivis sont dépistés négatifs. Un réel succès qui contribuent à rompre la chaine de nouvelles infections. Les couples sérodifférents qui avaient perdus l’espoir de concevoir par peur de contaminer l’autre, ont retrouvé la possibilité et la joie de devenir parents. De même pour les couples séropositifs qui avaient résolus de ne plus concevoir par peur de contaminer leurs enfants.

Mais des difficultés demeurent. Des enfants qui sont découverts séropositifs de façon fortuite lors du bilan familial. Des femmes enceintes qui au cours de la consultation prénatale découvrent leurs séropositivités et refusent de suivre le traitement même après accouchement. Des femmes qui sont sous traitement qui après accouchement, refusent de continuer le traitement par peur que l’entourage ne soit au courant.

C’est l’exemple d’une femme enceinte sous ARV référée à EVT qui est partie accoucher dans sa belle-famille. La belle famille n’étant pas au courant de sa sérologie et de peur qu’elle le découvre a arrêté de prendre son traitement mais allaitait l’enfant. Aujourd’hui l’enfant est infecté.

Une femme qui aussi a découvert son statut sérologique suite à une consultation prénatale a commencé bien le traitement. Elle a partagé son statut avec son mari qui lui a interdit de prendre le traitement et lui a apporté des décoctions, stipulant que cette maladie est spirituelle et que cette tisane va la guérir… Elle est revenue au centre avec 2 enfants infectés. Tellement de cas qui illustrent les difficultés rencontrées. Ces difficultés demeurent des barrières pour éliminer les nouvelles infections liées aux VIH chez les nourrissons.

Malgré toutes les stratégies mises en place pour rompre la chaine de la contamination mère-enfants, des efforts restent à faire pour vraiment briser cette chaine.

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